10 décembre 2012

DRAGONFLY

après quelques mois en panne d'inspiration et le 50mm fracassé

Un château. La bâtisse est immense et son jardin luxuriant, abritant en son centre une petite mare verdâtre, témoin de la nature reprenant ses droits. Dans la verrière, où un ancien canapé percé de ses ressorts trône comme un roi déchu sur le siège de son amour, l'intemporalité nous saisit. La brise glaciale se faufile dans nos cous et nous restons muettes, l'appareil à la main, sur la pierre froide. Le soleil vacille, et nous nous glissons d'un étroit trou dans les profondeurs de la nuit la plus totale. Eclairées par un simple flash, la maison se fait silencieuse, voutant le dos sous nos pas comme personne ne lui en avait donné l'occasion. Le bois des escaliers clairçi au fur et à mesure de notre ascension et nous restons là, prostrées devant tant de beauté, devant mille et un papillons, voletant contre le mur dans des couleurs estompées. 

La salle est immense, le parquet froid des années esseulées et la cheminée brute n'attendent que le feu de nos soirées. Nous parcourons l'étage, émerveillées, dénichant au fond d'une armoire des vinyles enfantins, un lecteur cassettes et des centaines de dessins, soigneusement classés dans l'attente d'un nouvel explorateur. 

Nos yeux brillent, nous avons faim d'une fascination inconnue et si délicieuse. Nos joyeux pas grincent jusqu'au dernier étage, empreints de douces hallucinations. De menus escaliers débouchent enfin sur un petite pièce, tout en haut du château. La tour. La mer d'ici semble si proche et la forêt sa voisine. L'horizon se profilant derrière chênes et bouleaux laisse à la tombée de la nuit la beauté d'un songe.
Le bonheur hurle à plein poumons.

Plus bas, un carnet d'enfant, méticuleusement rangé dans une boite fleurie. C'est son journal. Elle a 15 ans, et désespère de voir Antoine la regarder un jour. Il y a aussi un poème écrit de sa main :


"Ne brise pas
Tous ces mots de poussière
Et ton coeur à l'envers
Qu'on peut remettre à l'endroit

Ne brise pas,
Ce mystère silencieux
Et ce feu sans lumière
Qui te rend heureux
Quand tu le vois

Ne touche pas
Aux racines de tes ennuis
Aux secrets de ta vie
Qui t'as aimée,
            à l'infini"















+ le tatouage dragonfly et une partie des trésors 
///



Ce poème




Ces quelques photos ont été prises à l'extérieur, dans la verrière ainsi que dans le jardin, dans l'attente des longues journées et nuitées, heureuses, dans ces murs colorés. 

Compagnon de route et modèle, Inès B.

5 commentaires:

  1. c'est beau, j'ai tellement hâte
    reste t'il d'autres trésors pour nous ?

    RépondreSupprimer
  2. Il reste de beaux lieux poétiques et des trésors d'enfants cachés dans des armoires, des cassettes et des peintures. Un autre univers, coupé du temps, où toi et quelques autres allez entrer.

    RépondreSupprimer
  3. The location of these photographs are so varied but lovely! Great stuff :)

    RépondreSupprimer
  4. Tu fais de magnifiques photos ! (:

    RépondreSupprimer